Eau potable

Sur le territoire du syndicat, il existe 2 stations de pompage d’eau potable alimentant un réseau ramifié composés de châteaux d’eau et de canalisations de distribution de « l’eau potable » :

  • le captage de Limésy
  • le captage de Duclair

Ces 2 captages puisent la ressource en eau dans la nappe qui alimente le cours d’eau de l’Austreberthe et de son affluent le Saffimbec.

Il existe aussi sur le territoire du syndicat une partie de 2 autres BAC (Bassin d’alimentation de Captage) qui drainent les eaux souterraines vers le sens opposé de l’écoulement superficiel des eaux de ruissellement, et ce vers 2 autres cours d’eaux dans des vallées voisines de l’Austreberthe :

  • le captage de Blacqueville à l’amont des sources de la rivière Fontenelle sur le territoire du syndicat de bassin versant Caux-Seine,
  • le captage de Sierville dans la nappe qui alimente la rivière la Clérette, affluent du Cailly sur le territoire du SAGE Cailly, Aubette, Robec.

Le captage de Limésy est un captage prioritaire classé Grenelle au même titre que 12 captages de Seine Maritime du fait de la population importante qu’il dessert et de sa vulnérabilité aux pollutions diffuses (pesticides, nitrates, matières en suspension). Il alimente en eau près de 21 000 habitants répartis sur 9 communes à partir d’une seule ressource située sur la commune de Limésy : le forage de Becquigny.

Cette ressource est touchée par différents problèmes :

  • une turbidité trop importante en période pluvieuse nécessitant un traitement poussé avant la distribution. L’eau est clarifiée puis filtrée sur sable et désinfectée par injection d’ozone puis de chlore avant distribution.
  • Des dépassements de teneurs en pesticides, essentiellement de la famille des triazines (atrazine et déséthylatrazine). La filière de traitement en place ne permet pas de retenir les pesticides. Le captage fonctionne donc avec une dérogation relative à la distribution d’une eau non-conforme à la limite de qualité pour les triazines depuis 2009 en attendant la reconstruction de la station de traitement de l’eau.
  • On observe également des teneurs en nitrates supérieures à 30 mg/l et ces teneurs sont en augmentation.

C’est dans ce contexte que le forage a été retenu comme prioritaire au titre du Grenelle de l’Environnement.

Le captage est également classé par l’AESN en captage prioritaire SDAGE 3 compte tenu de sa moyenne en nitrates élevée (entre 25 et 37.5 mg/l) et de sa tendance d’évolution à la hausse (0.925 mg/l/an).

Un épisode de ruissellement important en mars 2008 associé à un dysfonctionnement de la filière de traitement a entraîné une distribution de plus de 15 000 bouteilles par jour pendant 6 jours.

En parallèle de l’action curative de reconstruction de l’usine de traitement (nouveaux procédés de dénitrification, charbon actif, coagulation/flocution), le BAC de Limésy d’une surface d’environ 62 Km2 fait l’objet d’une action préventive auprès de la profession agricole et non agricole, pour limiter les pollutions à la source.

Il s’agit là d’un enjeu majeur de santé publique.
Le rôle du syndicat consiste à accompagner les agriculteurs pour limiter les phénomènes d’érosion sur ce périmètre avec la réalisation d’aménagements d’hydraulique douce.

Un facteur aggravant : les bétoires

Une des particularités du territoire de l’Austreberthe est – à l’instar de tout le Pays de Caux – la présence d’une très forte densité de points d’engouffrements karstiques appelés dolines ou bétoires dans le jargon local. Ce sont des points de jonction entre le karst de surface et le karst profond.

Lors d’orages ou de précipitations importantes intervenant alors que les sols sont saturés, principalement dans les vallées sèches (mais également sur les plateaux) des ruissellements très importants sont observés. Les possibilités d’absorption du sol étant momentanément dépassées, il est alors fréquent que ces eaux soient engouffrées au niveau de ces bétoires. Ces points d’engouffrement des eaux vont induire une réalimentation rapide de la nappe via le réseau de fissures et fractures.

Dans ce cas, l’eau qui arrive au captage est très chargée en matière en suspension provoquant parfois des arrêts de production.

Ainsi, sur l’ensemble du département depuis 1992, 34 épisodes pluvieux ont conduit à des restrictions d’usage de l’eau du robinet pour une population allant de 150 à 130 000 habitants

Corrélation entre les épisodes pluviométriques notables et les ruptures d’approvisionnement en eau potable de population de Seine-Maritime entre 1992 et 2008 (DISE, 2008).

Le ruissellement peut dégrader la qualité des eaux.
Le ruissellement transporte des éléments potentiellement polluants qui devraient rester au champ et être valorisés par la culture. La matière organique, les éléments nutritifs (tels que les nitrates), les produits phytosanitaires peuvent être entraînés. Le ruissellement est la principale cause de la turbidité des eaux (trouble de l’eau). La turbidité dégrade la qualité des eaux des rivières et des eaux souterraines. Elle favorise le développement de germes pathogènes pouvant provoquer des gastro-entérites par exemple.

Nitrates et pesticides font partie du cortège d’éléments transportés par les eaux de ruissellement qui s’engouffrent vers la nappe à travers les bétoires.

On voit donc que les effets des ruissellements entrainent un protocole de traitement de l’eau coûteux.
C’est pourquoi l’amélioration de la qualité de l’eau souterraine passe par la réduction des ruissellements et de l’érosion aussi bien que par la mise en place d’un programme de mesures sur les pratiques culturales.